Chez les abeilles on chasse les mâles en hiver … “mais pas que.”

Chronique des ruchers des jardins familiaux
 

Dès les premières chutes des feuilles des arbres, la colonie prévoit son hivernage :

Premier réflexe éliminer les bouches inutiles.
Les mâles ou faux-bourdons vont donc être expulsés des ruches. Par une belle journée alors que les faux-bourdons sortent pour aller se purger l'ampoule rectale contenant leurs excréments, ils vont se voir interdire l'entrée de n'importe quelle ruche du secteur.
Leur rôle de fécondateurs est impossible en cette saison, leur présence devient donc inutile, d'où cette élimination.

Deuxième réflexe stocker un maximum de nourriture sur les cadres de rive de la ruche.

Le lierre dernière forte miellée se récolte en septembre, les abeilles vont le stocker à l'extérieur et au dessus du couvain (abeilles en gestation) pour isoler au mieux la grappe pendant l'hiver.
L'apiculteur doit aider ses abeilles dans ce travail en nourrissant ses animaux avec un sirop de glucose (et non pas de saccharose, sucre inverti).
Un rucher consomme pour sa consommation propre 120 kilos de miel par an, aussi nourrir de 15 kilos de sirop va permettre de conforter les stocks alimentaires.
Le but est que chaque colonie entre en hivernage avec 25 kilos de nourriture.
Le nourrissement se fait idéalement par une température de 20°c et s'étale sur 2 mois.
L'apiculteur doit anticiper, car en dessous de 14°C les abeilles ne prendront plus le sirop.
Avec un nourrissement de ce volume l'apiculteur peut dormir en bonne conscience, même s'il fait -15°C de novembre à fin février, ses abeilles ne mourront pas de faim et donc de froid.
(50% de mortalités hivernales constatées en 2012/2013, directement imputables au manque de nourriture !).

Troisième réflexe pour les abeilles former une grappe au centre de la ruche avec la reine en son milieu. Cette reine va passer l'hiver à 36°C, réchauffée par ses filles qui se gorgent de miel dans les réserves et pratiquent la thermorégulation : à savoir font monter leur température corporelle jusqu'à 48°C si nécessaire pour que la grappe soit chaude (toute ouverture de ruche serait fatale à la colonie).

L'apiculteur va aider ses abeilles en fermant les planchers grillagés des ruches avec un isolant pour stopper les courants d'airs froids.
Il va placer une grille au trou d'envol pour stopper les souris qui voudraient nicher au chaud et s'alimenter d'abeilles.
Enfin il va isoler le toit de ses ruches, faisant ainsi économiser du miel aux abeilles.
Si des arbres gouttent lors de pluies sur la ruche, il est bien de couper les branches à la verticale de la ruche, cela permet de ne pas faire supporter aux abeilles le supplice chinois pendant des semaines et des mois.
L'hiver avec ces précautions doit se dérouler parfaitement, un taux de mortalités hivernales de 6 à 8 % est raisonnable, au delà du mauvais travail est manifeste.
Les abeilles devraient logiquement ressortir de leur ruche à la mi-mars et la reine intensifier sa ponte pour disposer de main d’œuvre nombreuse au printemps.
Il est plaisant de savoir son rucher paré à l'hivernage pour l'apiculteur, les abeilles hivernent mais n'hibernent pas, leur métabolisme est extrêmement ralenti (d'où l'absence de réflexe à piquer une souris intruse en hiver), mais elles ne dorment pas, la grappe est en mouvement perpétuel, afin que chaque abeille se nourrisse alternativement. (Des abeilles vivantes se trouvant momentanément à l'extérieur de la grappe ont été mesurées à une température corporelle de 4°C.)

L'apiculteur consciencieux a effectué ses travaux de mise en hivernage, il peut donc maintenant partager le fruit du travail de ses abeilles, miel, pains d'épice et confection de bougies en cire naturelle font toujours la joie des enfants à Noël !

Christophe pour hommes et abeilles.