L'Écho en ligne n°68 Le venin d'abeille

12/10/2015
 

 

 

 

 

Le venin d'abeille.

Par Christophe Faucon, apiculteur aux jardins familiaux de Meylan grand Pré.

Dans certaines mythologies les abeilles sont assimilées aux amazones (Anatolie, Turquie), puisqu’il s'agit d'une société matriarcale (origine Mésopotamie) basée sur un peuple de femelles armées.
Le dard de l'abeille, à la différence de celui de la guêpe ou du frelon, est muni de crochets qui fixent ce dernier dans la chair des mammifères. Après la piqûre, l'abeille meurt d'hémorragie, son abdomen se déchirant lorsqu'elle reprend son envol depuis sa victime.
Les piqûres sont donc une défense pour protéger, l'envol des butineuses, la colonie et la reine, mais en aucun cas une attaque.
Une piqûre près d'une ruche est toujours administrée par une gardienne (l'un des 6 métiers pratiqués par une abeille au cours de sa vie).
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L'abeille protège sa ruche avec abnégation, prête à se sacrifier pour le bien de toutes, mais elle essaye de faire peur à l'individu ressenti comme une menace avant de piquer.
Aussi, dans un premier temps, la gardienne donne des coups de tête à sa future victime, si cette dernière ne prend pas le large, alors seulement elle pique !
L'abeille apparue sur terre (135 millions d'années) avant bien des mammifères et bien avant l'homme (2 à 3 millions d'années), connaît parfaitement la morphologie de ces animaux géants. Pour préserver la vie d'un maximum de gardiennes, l'abeille va donc lors d'une piqûre cibler les endroits les plus sensibles pour optimiser l'efficacité de son venin.
Ces endroits chez l'homme comme chez les chevaux par exemple sont les yeux, les lèvres, le nez (naseaux), les oreilles, les articulations et... le nombril !
Chevilles et poignets sont visés en priorité par les abeilles lors des visites de leur apiculteur protégé par une vareuse blanche.
D'après une kinésithérapeute, cela s'explique par le fait que ces articulations à la faible épaisseur de chair permettent à l'abeille de piquer et d'atteindre les tendons, injectant par contrecoup le venin jusqu'au foie.
Les piqûres au nombril, premier centre de vie, sont très graves, elles aussi.
Repousser aujourd'hui grâce à la piqûre est efficace, rendre allergique en injectant du venin jusqu'au foie permet d'éloigner à long terme cet intrus.
Ce n'est plus de l'efficacité, mais de l'efficience, maître mot de l'organisation sociale des abeilles.
Les apiculteurs se protègent donc de leur vareuse blanche, cela doit être une règle impérative, car malgré cette protection les piqûres passent au travers du tissu, mais ce dernier, par sa couleur, dissimule les endroits sensibles (et le visage) aux yeux des abeilles qui piquent alors au hasard.
Malgré tout, 50% des apiculteurs deviennent allergiques au venin d'abeille, qui ne s'élimine pas dans le temps.
Ce venin possède des vertus anti-rhumatismales reconnues, mais une piqûre d'abeille est toujours pour l'apiculteur une piqûre de trop, qui le rapproche de l'allergie (en moyenne 2 apiculteurs meurent chaque année en France des piqûres de leurs abeilles par choc anaphylactique).
Le venin est utilisé en api-thérapie pratiquée par un nombre croissant de médecins à propos de la maladie de Parkinson, la sclérose en plaque et les rhumatismes.
Le Dr Hakim a édité un fascicule très intéressant à ce sujet.
A savoir : le dard fiché dans la peau possède une poche à venin à son extrémité extérieure, il convient donc de ne pas retirer le dard et le prenant entre le pouce et l'index, car cela injecterait davantage de venin en pressant cette poche.
Il faut couper le dard à la surface de la peau avec une lame ou une clef. (fig 2)
Pour atténuer le volume de venin, il est possible d'approcher une source de chaleur (briquet ou bout incandescent d'une cigarette) jusqu'à ressentir la chaleur. Par cette action, vous détruirez 50% du venin qui perd son efficacité au-delà de 60°C.

Méthode provençale : vous cueillez les feuilles de trois plantes terrestres différentes, en faites un jus, puis frottez l'endroit de la piqûre. Cela calme la douleur et réconforte avantageusement les jeunes enfants.
Apiculteur formateur, j'ai ouvert environ 300 fois des ruches cette année, me suis fait peu piquer (70 piqûres sur 7 mois).
J'ai toujours avec moi une trousse avec seringue et cachets de cortisone. En cas de choc anaphylactique, je m'administre ce premier secours et dois rejoindre un lieu médicalisé dans les 20 minutes. Chose aisée dans le cadre de l'apiculture urbaine que notre association pratique.
Christophe Faucon, apiculteur aux jardins familiaux de Meylan.
Cofondateur d'Hommes et Abeilles. www.imicri.org


 

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