^{dessin de R. Cherigui}

MANGA IN MEYLAN

« J’avais 11 ans lorsque j’appris la création à l’UQBGP d’un cours de manga. Passionnés que nous étions par cette culture, c’est avec un groupe d’amis que nous décidâmes de nous inscrire.

Chaque jeudi, en fin d’après-midi, nous y trouvions, certes un cours de manga, et je dirais plus largement même de dessin, mais aussi, et ce n’est pas peu de le préciser, une véritable atmosphère familiale, où entre amis nous pouvions rire, discuter, débattre de sujets ô combien passionnants. Car c’est bien là que fût l’atout le plus séduisant de ce cours : il ne s’agissait pas de dessiner pendant 1h30 en silence. Celui qui voulait lire, lisait, celui qui voulait discuter, discutait, et bien évidemment, celui qui voulait s’isoler dans sa musique pour être seul avec sa feuille, le faisait.

C’est ainsi que notre « cours de manga du jeudi soir » devint un véritable rendez-vous autour du dessin et de la Pop Culture (entendre culture populaire). Il y était question de tout ce qui touchait de près ou de loin à l’art : BD, mangas, culture geek, musique, littérature, arts graphiques, film, jeux vidéo, cinéma, mais aussi d’autres sujets, non moins passionnants, qui se révélèrent à notre grand étonnement pas si éloignés de l’objet premier du cours : histoire, arts martiaux, informatique. Si cela a pu arriver et se maintenir au long de toutes ces années, c’est grâce à un professeur : Ratib Cherigui, qui, du haut de son talent de dessinateur et de sa ceinture bleue de karaté, a su intéresser, motiver, enseigner, toujours avec humour et, il faut bien le reconnaître, une sacrée dose de patience.

Ainsi s’est formé un groupe d’habitués autour de ce rendez-vous du jeudi soir : il y eu des départs, des arrivés, des allers-retours, une première génération, puis une seconde, enfin une troisième, mais toujours cette même atmosphère, cet esprit, cette ambiance. Tant et si bien, que mon collège tout du long, mon lycée tout du long, et durant des deux années d’études dans le supérieur, tous mes jeudis soirs - et ce bien que je n’eusse plus le temps à consacrer à ce hobby de ma jeunesse qu’était la lecture de mangas - étaient inconditionnellement réservés à cette heure et demi rituelle.

Aujourd’hui, j’ai 20 ans et les nouvelles recrues ont l’âge que j’avais en arrivant ; c’est le cœur gros, mais la relève assurée que je laisse derrière moi les jeudi soirs de mon enfance. »

Yannick Haronis