Tribune libre
Pétition crèche des Buclos : les habitants ont la parole.

Marie Thérèse Dimitrov

Lorsque j'ai sollicité l'opinion des Meylanais sur la pétition contre la vente de la parcelle de la crèche des Buclos, ils ne se sont pas uniquement contentés de signer en vitesse et puis partir : elle résonnait en écho à leurs préoccupations sur le cadre de vie du quartier. Plusieurs mois plus tard, j'ai toujours en tête leurs observations et commentaires.

Ainsi une femme m'a dit « Ecoutez, je signe tout de suite votre pétition parce que ça commence à bien faire à Meylan, je trouve qu'il y a aussi bien trop d'urbanisation.» Un pétitionnaire, à l'évocation du souhait de la ville de faire une crèche de 80 places sur le site de l'ancienne école primaire des Buclos, en partie en zone inondable s'est écrié : « Même si la montée des eaux permettait d'évacuer la crèche, la mairie a t-elle réfléchi à la solution de repli au cas où les enfants ne pourraient plus y être accueillis ? Il est tout de même plus facile de trouver de la place pour des petites structures que pour des grandes.» D'autres encore : «Mais quelle aberration de vouloir construire autant de logements sur une aussi petite parcelle, quand on sait que la nappe phréatique affleure le sol, et que des habitants des Sources ont eu leur box inondé ! ». Un habitant de la copropriété du Manival, cadre supérieur directeur scientifique à la retraite a longuement enrichi ma connaissance sur l'histoire du quartier. Il m'a expliqué qu'il avait souffert du regard des habitants du quartier dans les années 1970 qui déconsidéraient la construction de ces nouveaux HLM qui feraient venir des populations indésirables dans ces bâtiments de près d'une dizaine d'étages. Après lui avoir précisé et montré que le contenu de notre pétition ne se plaçait en aucune manière sur la composante socio-culturelle des futurs Meylanais et Meylanaises, mais plutôt sur les lourdes conséquences d'une urbanisation à marche forcée ; sans respecter l'identité urbanistique de Meylan ville-parc, toujours blessé par la déconsidération sociale à son égard a fini par conclure ainsi notre très long échange : «Je ne signe pas, mais vous faites bien de vous battre contre cette volonté de défaire ce que monsieur le Maire GILLET avait si intelligemment fait à Meylan de 1971 à 1983 ! ».

J'ai aussi remarqué beaucoup d'attachement des Meylanais au quartier des Buclos-Grand-Pré, parce ce qu'il fait partie de leurs souvenirs. Leurs propos illustrent ainsi leurs émotions : « mes enfants ont été accueillis dans cette crèche, je ne veux pas qu'on la démolisse ». D'autres encore « nos enfants allaient à pied à l'école en empruntant la voie piétonne ou cyclable, ce qui leur permettait d'être autonomes et en sécurité, et n'obligeait pas les parents à prendre leur voiture pour faire 400 m. Quand je me promène sur la voie piétonne ou cyclable je repense à ce temps ancien mais toujours présent à ma mémoire ». Un habitant du Haut-Meylan a manifesté son enthousiasme et a signé tout en disant : «ce n'est pas parce que je suis du Haut-Meylan que je ne signerai pas, je soutiens tous les habitants de Meylan ».

Quand je voyais à la sortie des commerces du centre des Buclos, nos aînés d'un âge très avancé, j'avais peine à les embêter avec ma pétition à les voir se déplacer avec difficulté. Quelle ne fut pas ma surprise de les voir aussi intéressés et prompts à signer. Tiens j'avais à tort ouï-dire que les personnes âgées, contentes de la politique de la ville à leur égard, ne manifestaient aucune critique face à leur maire ! En ce qui me concerne j'ai eu seulement un refus ferme de signer la pétition et deux refus de signer, mais avec leurs vifs encouragements : l'un ce cadre dont je vous ai parlé et l'autre, à mon très grand étonnement un conseiller municipal de la majorité qui a même ajouté : « je vous soutiens dans votre combat mais vu ma position je ne peux pas signer votre pétition, mais moi-même je suis aussi contre la construction des 500 logements du PLM. Tiens la majorité elle-même est divisée sur ce sujet. Moi, j'ai tout de même trouvé qu'elle était bien facile à faire signer cette pétition et que nul n'était besoin de prêcher longtemps à ces convaincus.

Par ailleurs, invitée chez des amis non Meylanais, après avoir évoqué notre combat, je me suis entendu dire ceci :"Eh bien moi j'habite un HLM dans un quartier très populaire de Grenoble, juste en face d'un grand parc, et pour l'instant il n'est pas question d'y construire quoi que ce soit, et pourtant ce n'est pas Meylan". Cette remarque invite à la réflexion.

Les 912 signataires seront fort déçus si leurs attentes ne sont pas entendues par nos élus