L'Écho en ligne n°83 de la terre

28/12/2016
 

 

 

 

Nos voisins ont du talent

Bertrand Bisson est un des potiers historiques de l’union de quartier. C’est dans la relation entre la terre et le feu que sa curiosité s’exerce. Et là il fait parler la matière. Du coup on voit le chantier Roche d’un autre œil !

Les damnés de la terre

Quand les impressionnantes tarières mécaniques sur le chantier Roche foraient le sol et extrayaient à l'aide de leur vis sans fin de belles quantités de terre, la tentation était grande d'aller prélever quelques kilos de cette magnifique glaise sédimentaire extraite à plus de dix mètres de profondeur. Une indéfectible curiosité m'attirait vers les masses de terre qui, déposées au sol, avaient un aspect lisse, plastique et colloïdal. Des investigations plus poussées auraient pu révéler plus précisément la nature de ces prélèvements, ce qui rendait nécessaire toute une chaîne d'actions bien difficiles à mettre en œuvre : obtenir quelques informations privilégiées auprès des géologues responsables des forages (un géologue pourrait préciser, malgré les bouleversements récents en surface l'âge et la nature de ces couches souterraines) ; en cas d'indices positifs fournis, mettre de côté 40 ou 50 kilos de terre pour ensuite la laver, la filtrer (pour la débarrasser des graviers ou débris divers) et l'essorer ; vérifier ensuite ses premières aptitudes au travail manuel, éventuellement en effectuant un test sur un tour de potier.
À ce stade de votre expérimentation, vous disposez d'un ou plusieurs bols que vous soumettez à l'épreuve du feu (notez que les tests de cuisson peuvent être réalisés indépendamment de tout travail artisanal). La fiabilité des cuissons en four électrique vous donnera, quelles que soient les températures courantes utilisées, des résultats intéressants mais jugés parfois, par leur régularité, sans surprises. Selon toute vraisemblance, la terre "Roche" aurait certainement résisté à une température de 980°C et le bol offrirait une résistance mécanique suffisante pour justifier la poursuite de nos travaux. Mais si vous poursuivez vos essais à une température de 1250°C, la nature du risque évolue grandement, et les conditions expérimentales exigent alors une attention et une technicité supérieure. Le résultat n'en serait pas moins intéressant car vous pourriez découvrir que la terre "Roche" est fusible. Dans le meilleur des cas, elle aurait pu constituer un magnifique émail opaque capable de couvrir le tesson de vos objets réalisés avec une terre à grès.

Bien sûr, le scénario précédent est une fiction puisque sa mise en œuvre dépend beaucoup de facteurs externes : une autorisation du chef de chantier, un atelier accessible facilement, du matériel encombrant (au minimum une poubelle plastique de 75 litres), un four céramique (et mieux encore un four à essais), une disponibilité importante et tout cela sans aucune garantie sur la qualité du résultat final !

Bertrand Bisson

Suite dans le prochain numéro
 


 

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