L'Écho en ligne n°84 Emaillage

29/01/2017
 

 


 

Nous poursuivons avec Bertrand Bisson potier historique de l’UQBGP un voyage insolite, technique et poétique dans l’univers des cuiseurs de terre et d’émail (suite du N°83)

La fiction évoquée dans le numéro précédent vous laisse honteusement enveloppé dans d'amers regrets. Vous ne baissez pas les bras, et l'espoir de quitter la horde des damnés de la terre pour la caste des forçats de l'émail réveille en vous un enthousiasme nouveau.
Vous pouvez alors imaginer un scénario "alternatif" à celui qui, dans le domaine de l'émaillage céramique, consiste à ouvrir un bocal de poudre, en diluer le contenu et appliquer le mélange sur un tesson bien propre. Vous avez en effet un ami meylanais qui possède une résidence secondaire dans la Drôme provençale et qui, par un heureux hasard, vous invite au mois d'août à respirer l'air embaumé par la lavande. Les distilleries brûlent à longueur de journée dans les foyers de leurs alambics à vapeur les pailles de lavande déjà distillée. Une aubaine pour vos investigations futures mais, là encore, les précautions à prendre peuvent en rebuter plus d'un. Plusieurs kilos de cendres sont nécessaires pour la suite des opérations. Toutes les cendres peuvent être utilisées sans lavage, mais vous prenez alors le risque de voir migrer les éléments solubles dans le tesson de vos pièces biscuitées, ce qui entraînera une possible déformation de la pièce à la cuisson en haute température. Par sécurité, vous laverez donc les cendres (les éléments solubles disparaissent partiellement au fur et à mesure des lavages), les tamiserez et les laisserez sécher correctement avant toute utilisation.
Vous disposez maintenant d'un matériau susceptible d'entrer dans la composition de plusieurs types d'émaux à la cendre. L'approche la plus simple consiste à associer de manière systématique la cendre à différentes terres (argile, kaolin, porcelaine, ocre, etc.). Pour rechercher une glaçure originale, avec une "personnalité" que la cendre lui aura conférée, il faut essayer d'introduire dans la composition un maximum de cendres. La phase de découverte avant celle, plus technique, de l'expérimentation consiste par conséquent à établir une suite d'essais à partir d'un premier échantillon de cendre seule (en principe, la cendre, comme l'ocre que vous ajouterez par la suite, ne fond pas ou mal à 1250°C). Vous procédez par ajouts successifs d'ocre dans la proportion de 10% par exemple. Au bout d'une dizaine d'ajouts, le dernier essai peut pratiquement être assimilé à l'ocre seule. La lecture des résultats de cuisson suggère, par la formulation d'hypothèses liées essentiellement à la fusibilité de l'émail, des compositions plus complexes.
Une approche tout aussi courante consiste à s'inspirer de résultats déjà obtenus par différents potiers. Vous pouvez par exemple trouver la recette suivante : lavande 48, kaolin calciné 35 et silice 19 (équivalente à lavande 48, kaolin 41 et silice 19). Continuer sur cette voie n'est plus du domaine de la découverte empirique mais celui d'une connaissance précise de la composition des matériaux industriels utilisés (craie, talc, kaolin, silice, etc.) et d'une appréciation correcte des matières premières collectées personnellement (cendres, terre "Roche", ocre, etc.) pour ne pas vous égarer dans les nombreuses mais indispensables manipulations et expérimentations ultérieures.

Dans le prochain Echo en ligne il sera question d'eutexie, d'eutectique et d’essais d’émaillage rouge….


 


 

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