Pot au noir

Avec le temps, le monde refroidira et tout mourra ; certes, mais si nous nous replongeons dans l'atmosphère meylanaise avec une échelle des temps plus proche des préoccupations quotidiennes et vulgaires, nous pouvons nous inquiéter des délais énoncés extrêmement fluctuants dans la gestion des travaux de réfection de l'atelier de poterie de l'UQBGP. De mémoire, le magnifique feu de joie offert par quelques désaxés remonte à avril 2016 ; nous avons donc fêté un premier anniversaire un peu triste, encalminés dans un pot au noir meylanais, mais pour des gens avertis, tout à fait attendu car, si ce temps paraît très long au potier quelque peu "addict", sa valeur mesurée à l'aune du politique (manque de pot, beaucoup plus présent pendant les inaugurations, commémorations ou cocktails divers et variés) est presque nulle puisqu'un divertissement peut bien en remplacer un autre. Finalement, tout converge vers des histoires de pots : le départ ou l'arrivée d'un collègue, la peinture pour retaper les murs de l'atelier, la terre qui tourne au tour pour enfin le mettre au feu.

Enfin, avec le temps, nous finirons tout de même par apprendre quelque chose. Peu nous importe d'ailleurs ce que c'est. Ce qui nous rappelle une nouvelle fois au principe de réalité en sociologie des chaumières : toutes ces structures associées ou imbriquées ont souvent pour but, moins de servir le public et de développer son imaginaire que d’organiser dans la durée le confort et l’irresponsabilité de ses agents, comme d'imposer des règlements à appliquer et de dicter des normes de conduite.

Et si le génie est une longue patience, acharnée, mais disciplinée et clairvoyante, celle-ci devrait faire éclore dans les prochains mois une myriade de nouveaux talents pleins d'humilité dans les rues de Meylan.

B. B.